“L’éolien entraîne un bétonnage massif de nos campagnes et la destruction des sols. La quantité de béton utilisé est astronomique.”
Éolien et béton
On entend souvent des organisations anti-éoliennes l’argument selon lequel l’éolien entraînerait un bétonnage massif des campagnes et la destruction des terres. Un argument qui au regard des faits s’avère ne pas refléter la réalité et visant surtout à discréditer la production d’énergie éolienne en France.
Si l’installation d’un parc éolien génère à la fois une consommation de surfaces et de béton pour les fondations, qu’en est-il de l’impact réel de ces installations. Il est évident que toute modification par l’homme de la nature a des conséquence mais l’impact de l’éolien reste mineur. L’éolien ne consomme qu’une infime partie du béton utilisé en France et ne participe que très peu à l’artificialisation des terres.
Quelle quantité de béton pour les fondations d’une éolienne ?
Les éoliennes avec les progrès technologiques sont plus puissantes et plus hautes, néanmoins il n’y a pas de corrélation directe entre la puissance électrique d’une éolienne et le volume de béton des fondations.
Actuellement la plupart des éoliennes sur le territoire français ont une puissance de 2MW. Leur fondation accueille une masse de béton d’environ 600 tonnes. Pour les éoliennes de nouvelles générations de 3MW, la masse de béton est environ de l’ordre de 800 tonnes.
Selon l’Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction (UNICEM), la production nationale annuelle de béton prêt à l’emploi est comprise entre 35 et 40 millions de mètres cubes.
Le projet de Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) de janvier 2020 prévoyant un rythme moyen d’environ 1 800 MW d’éolien installé chaque année dans les dix années à venir, cette consommation annuelle de béton atteindrait alors environ 250 000 m3 par an, soit seulement 0,7 % de la production nationale de béton.
Il faut également préciser que l’éolien ne participe qu’à 1,5% des terres artificialisées en France chaque année, bien loin de la vision destructrice des campagnes que certains veulent bien répandre.

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c'est la part de la production nationale de béton utilisé par la filière éolienne chaque année.
Quel impact pour l’environnement ?
Le béton est un matériau inerte qui ne pollue pas les sols. L’enfouissement des fondations d’une éolienne sont la plus part du temps agglomérés avec de gros blocs de rochers qui n’entrainent pas d’incidences majeures pour les productions agricoles qui les accueillent. Des études d’impacts et environnementales sont systématiques. Une fois enlevé, le béton des fondations des éoliennes est recyclable et valorisable en diverses applications routières (couche de forme, couches d’assises de chaussées, bétons de fondation, …).
L’ensemble de de la valorisations du béton en France représente un marché de 14,5 Mt, soit 80 % des tonnages de béton déconstruit trié et économise ainsi le même tonnage de ressources naturelles.
Point de comparaison avec l’énergie nucléaire
La comparaison avec les énergies renouvelables comme l’éolien reste délicate : le nucléaire et l’éolien n’ayant pas la même durée de vie ni le même rendement. L’éolien n’a également pas vocation à remplacer seul le nucléaire qui lui représente aujourd’hui près des 3/4 de l’électricité produite en France.
Aujourd’hui une centrale nucléaire EPR comme celle prévue à Flamanville, a besoin pour sa construction de plus de 400 000 de M3 de béton soit environ l’équivalent d’environ 1250 éoliennes de 3MW*. Mais la consommation de béton utilisé dans la filière nucléaire ne se limite pas aux seules centrales. Par exemple l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) cite le besoin de 6 millions de M3 de béton uniquement pour le projet de de centre de stockage profond de déchets radioactifs dans le département de la Meuse à Bure (CIGEO). Cela représente ainsi l’équivalent de plus de 25 ans de développement éolien en termes de béton consommé !
* En prenant une valeur moyenne de 2,5 tonnes par M3, en sachant que pour le nucléaire le béton utilisé peut aller jusqu’a 6 tonnes par M3.
Si on se place du point de la valorisation du béton utilisé, le nucléaire pose un problème de taille : il n’est ni valorisable ni recyclable et est donc perdu au contraire du béton utilisé pour les énergies renouvelables comme l’éolien.
C'est le nombre de tonnes de béton nécessaire à la construction du centre d'enfouissement de déchets radioactifs à Bure, l'équivalent béton de plus de 25 ans de développement éolien en France.
Qu’en est-il de la remise en état des terrains lors du démontage d’éolienne ?
L’opération de démontage des installations éoliennes est strictement encadrée par la loi* et comprend l’ensemble du processus de recyclage des installations et est à la charge de l’exploitant.
– Le démontage des installations de production d’électricité, des postes de livraison ainsi que les câbles dans un rayon de dix mètres autour des éoliennes et des postes de livraison doit être effectué.
– Les fondations doivent être excavées dans leur totalité « jusqu’à la base de leur semelle, à l’exception des éventuels pieux » et remplacées par des terres de caractéristiques comparables aux terres en place à proximité de l’installation.
– Le décaissement des aires de grutage et des chemins d’accès doit être comblé par des terres de caractéristiques comparables aux terres à proximité de l’installation
– « Les déchets de démolition et de démantèlement sont réutilisés, recyclés, valorisés, ou, à défaut, éliminés dans les filières dûment autorisées à cet effet ». Des objectifs croissants sont fixés : au minimum 90 % de la masse totale des éoliennes devront être démantelés, fondations incluses, ou 85 % lorsque l’excavation des fondations fait l’objet d’une dérogation, et elles doivent être réutilisés ou recyclés au 1er juillet 2022, ainsi qu’au minimum 35 % de la masse des rotors.
Les éoliennes sont des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), ce qui nécessite que la question du démontage soit totalement anticipée en prenant en compte l’avis du maire de la commune d’implantation et du propriétaire du terrain. En cas de défaillance de l’exploitant, ce qui n’est jamais arrivé en France , les opérations de remise en l’état du site sont assurées par des garanties financières préalables à la mise en activité d’une installation et fixées à 50 000€ par éolienne de 2MW et 10 000€ par MW supplémentaires**. (couvre les couts compris entre 50K et 80K en fonction des spécificités : le montant des garanties financières est réactualisé chaque année par l’exploitant). Aujourd’hui 90 % minimum d’une éolienne est aujourd’hui valorisable en fin de vie ce qui permet à l’exploitant un retour sur investissement pour les matériaux utilisés.
Les modalités de constitution sont définies dans le code de l’environnement, et imposent à l’exploitant de présenter un engagement écrit d’un établissement de crédit, entreprise d’assurance ou société de caution mutuelle, ou d’effectuer une consignation auprès de la Caisse des Dépôts et consignations.
* Article R. 553-6 du code de l’environnement (arrêté du 26 août 2011, modifié le 06.11.2014) – / Arrêté du 30 juin 2020
** Les premiers démontages réalisés confirment que ce montant correspond aux coûts réels de déconstruction d’une éolienne