Transition énergétique de la France : l’urgence est à la cohérence
L’année 2020 a été marquée par la publication d’une Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) qui confirme la confiance placée par la France dans l’énergie éolienne et souligne son rôle en tant que pilier de la transition énergétique. Pourtant, pour permettre à la France d’atteindre ses objectifs, un travail de mise en cohérence des objectifs PPE et de développement harmonieux avec la libération d’espaces ou la levée de contraintes est impératif. La filière éolienne est prête, structurée, compétente et fiable. Elle a déjà prouvé qu’elle remplissait ses objectifs et elle démontre chaque année qu’elle est un vecteur de création d’emplois, de dynamisme économique et social dans les territoires, et de réindustrialisation de notre pays.
Mais la croissance verte ne se décrète pas, elle se construit, à travers une planification cohérente et concertée du développement des énergies renouvelables et en particulier de l’éolien.
PPE 2023-2028 : l’énergie éolienne, primordiale au déploiement des ENR
Dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée en août 2015, la France s’est fixée des objectifs pour l’ensemble des technologies renouvelables. La loi prévoit de porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020 et à 32 % en 2030.
La publication de la PPE 2023-2028 le 21 avril 2020, confirme l’importance de la filière éolienne, tant terrestre que maritime, dans la stratégie de transition énergétique portée par la France. Les objectifs sont ambitieux puisqu’il s’agit de multiplier par 2,5 les capacités de production éoliennes et de lancer chaque année un appel d’offres pour l’éolien en mer au rythme d’environ 1 GW par an. (ce qui au regard des évolution technologique et du potentiel de renouvellement des parcs éoliens ne signifie en rien multiplier par 2,5 le nombres d’éoliennes).
Aujourd’hui en France, la puissance éolienne totale raccordée est de 16 998 MW. L’ensemble de cette puissance est constitué de parcs éoliens terrestres.
Sur la base de ces chiffres établis par le Service de la Donnée et des Études Statistiques (SDES) du Ministère de la transition écologique, la filière a réalisé 58 % de son objectif 2023 et entre 40 et 42 % de ses objectifs 2028.
Pas de transition écologique sans volonté politique
En dépit de ces objectifs, le cadre réglementaire actuel et les nombreux espaces territoriaux interdits aux éoliennes, rend l’atteinte de ces objectifs irréaliste.
Le président de France Energie Eolienne, Nicolas Wolff, a souligné « l’exemplarité » de la filière durant la première partie l’année 2020 puisqu’elle a su « montrer sa capacité de résilience en assurant la continuité de sa production, en particulier au regard du contexte sanitaire exceptionnel que notre pays a connu, démontrant ainsi le rôle essentiel de l’éolien pour la sécurité d’approvisionnement de notre pays ». Pour l’éolien, le taux de couverture moyen a été de 8,8 % en ce premier semestre, et a même atteint 31 % en mai.
Néanmoins, et comme le souligne Nicolas Wolff, « nous devons collectivement nous tourner vers l’atteinte des objectifs PPE et l’harmonisation du développement de l’éolien sur notre territoire. Ces deux enjeux ont un dénominateur commun, la libération d’espace de développement ». Il rappelle qu’aujourd’hui « 47 % du territoire national est contraint. L’urgence est donc à la cohérence entre objectif et moyens mis en œuvre pour les atteindre. »
L’éolien premier employeur des énergies renouvelables
– Une croissance exponentielle
1 336 MW supplémentaires ont été installés en France durant l’année 2019, pour atteindre une puissance raccordée totale de 16 600 MW (+ 8,75 %), soit l’équivalent des besoins en électricité de plus de 7 millions de foyers français chaque année . La production annuelle cumulée de l’énergie éolienne a augmentée de 22,7 % en un an (34,1 TWh contre 27,8 TWh en 2018).
– Un vivier d’emplois
Les créations d’emplois ont fortement augmenté en 2019 : au 31 décembre 2019, la filière comptait plus de 20 200 emplois et a créé 2 000 nouveaux emplois en un an soit une croissance de 11 % sur l’année.
Nicolas Wolff, président de France Energie Eolienne analyse : « Peu de filières peuvent évoquer une croissance à deux chiffres de créations nettes d’emplois. Et pourtant, ce n’est que le début : d’ici 2028, l’éolien, terrestre et en mer confondus, devrait générer près de 50 000 emplois en France. La filière est le 1er employeur dans le secteur des énergies renouvelables à l’échelle nationale, et concentre 41 % des emplois dédiés aux ENR. »
– Des améliorations continuent qui répondent aux enjeux de la filière
La filière éolienne contribue à la réindustrialisation de la France, grâce à des expertises pointues dans la fabrication de composants. La valeur ajoutée économique des acteurs de l’éolien permet de redynamiser le tissu industriel de vastes bassins d’emplois, en Bretagne, en Normandie et dans les Hauts-de-France, notamment grâce à la concrétisation des projets de parcs éoliens en mer qui verront le jour entre 2022 et 2024.
Dans un esprit de responsabilité, la filière a été force de propositions afin d’anticiper les évolutions et de toujours améliorer son développement dans ses territoires d’accueil. Une réduction drastique de l’empreinte des parcs éoliens sur l’environnement est permise grâce aux mesures en matière de recyclage des installations mais aussi d’excavation totale des fondations.
Ces objectifs donnent un cap qui ne sera respecté que si certains freins structurels sont levés. France Energie Eolienne attend du gouvernement la mise en cohérence des objectifs de la PPE avec les problématiques de libération d’espaces. Ce travail interministériel est impératif pour permettre un développement harmonieux et équilibré de l’éolien dans notre pays.