Quand les élus dénoncent les freins au développement de l’éolien dans les territoires
Alors que le manque d’acceptabilité de l’éolien en France est régulièrement dénoncé sur les scènes politiques et médiatiques, l’ADEME révèle au contraire que 94% des Français sont favorables au développement des énergies renouvelables. Un développement freiné notamment par des blocages administratifs auxquels doivent faire face les élus locaux impliqués dans l’aboutissement de projets éoliens.
Un consensus national en faveur des énergies renouvelables
Dans son enquête annuelle, « Baromètre : Les Français et l’environnement », l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) révèle que, selon un sondage réalisé par OpinionWay en 2019, l’adhésion des Français au développement des énergies renouvelables est très élevée : 94 % y sont favorables et 53 % très favorables. Ces chiffres forts n’ont connu que de très légères variations depuis le lancement du baromètre en 2014. De plus, le souhait d’une production locale d’énergie renouvelable, même à un coût un peu plus élevé, bénéficie d’un soutien massif de la part des Français puisque 86 % pensent que cela est souhaitable.
Le baromètre 2019 souligne également que « les populations les plus réfractaires sont également celles qui comptent le plus grand nombre de personnes peu « connaisseuses » des différentes EnR. Le manque d’intérêt pour ces questions semble ainsi s’accompagner d’une mauvaise opinion sur ces solutions ». Une nécessité d’information et de concertation que corrobore les propos du Président de l’ADEME, Arnaud Leroy. En effet, interrogé au Parlement au début du mois de janvier sur l’acceptabilité de l’éolien, il observait que dans les territoires où les projets étaient portés « par des développeurs sérieux qui ont pris le temps de la consultation, parfois retravaillé sur les implantations, parfois sur le nombre, on arrive sur des choses qui tiennent la route et qui ne créent pas de débat »
Le paradoxe entre les discours politiques et la réalité des territoires.
Loin d’être réfractaires au développement des énergies renouvelables, les élus et les Français sont prêts à s’investir mais aussi à investir pour leur développement. 57% des Français pourraient placer une partie de leur épargne pour soutenir des projets régionaux de développement des énergies renouvelables selon le baromètre de l’ADEME. De plus, nombreux sont les exemples dans lesquels des territoires, portés par leurs élus locaux, ont été moteurs de la réalisation de projets de production décentralisée d’énergie renouvelable. Cette volonté de devenir partie prenante de la transition énergétique s’illustre notamment par l’engouement suscité par les Contrats de Transition Ecologique (CTE), contrats d’engagement co-construits entre l’Etat, les collectivités locales et les acteurs socio-économiques d’un territoire afin de soutenir des projets qui visent à développer l’emploi local par la transition écologique (énergies renouvelables, efficacité énergétique, mobilités, ruralité et agriculture, économie circulaire, construction et urbanisme, biodiversité).
Malgré cette dynamique en faveur de la transition écologique et énergétique, des blocages persistent et ralentissent l’aboutissement de projets d’avenir, porteurs d’emploi. Des blocages dénoncés par les sénateurs lors d’une audition de la Ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne le 18 février dernier. En effet, des sénateurs des départements de l’Aude, de la Haute-Loire et de la Haute-Saône se sont fait porte-paroles des élus locaux afin de dénoncer les lenteurs et les obstacles d’ordre administratifs auxquels doivent faire face des territoires soutenant le développement de projets éoliens sur leurs communes. Aussi, plaidant pour « plus de simplification administrative », le sénateur Roland Courteau a invité la Ministre à « veiller à ce que les administrations départementales sur nos territoires ne freinent pas des quatre fers ».
Ainsi, alors que le manque d’acceptabilité de l’éolien est régulièrement cité comme le frein principal à son développement, la réalité dans les territoires tend à prouver le contraire car, en plus de soutenir massivement les énergies renouvelables, citoyens et élus sont de plus en plus nombreux à s’approprier cet enjeu de la transition écologique.