Éolien et biodiversité : l’exemple du Râle des genêts

22 mars 2018

Lors de l’implantation d’un parc éolien de nombreuses mesures sont prises pour protéger la biodiversité et limiter l’impact des éoliennes notamment pour l’avifaune. Les développeurs et exploitants de parcs éoliens travaillent de concert avec les associations et organismes de protection de la nature pour un développement toujours plus harmonieux de l’énergie éolienne en France.

En 2008, la société ENERTRAG, développeur et exploitant éolien, étudie la faisabilité d’un parc éolien dans le département de l’Aisne. L’étude environnementale du projet de construction de 6 éoliennes à Anguilcourt-Le-Sart et Brissay-Choigny révèle la présence de plusieurs individus de Râles de genêts sur le site visé. Une dizaine de mâles chanteurs y est entendu, fait très rare sur un site cultivé. Selon les spécialistes cette présence pourrait s’expliquer par une ressource alimentaire suffisante, la proximité de la Vallée de l’Oise, ou encore par le déplacement d’individus isolés. Aussi, compte tenu du statut de protection de l’espèce (classée en danger sur la liste rouge nationale des espèces menacées établie par l’UICN), le développeur éolien se rapproche du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Picardie pour réfléchir, ensemble, à des mesures de préservation et de protection.

Focus sur le Râle des genêts : une espèce menacée

Le Râle des genêts est un oiseau dont l’aspect général se rapproche de celui des perdrix. Il fréquente aujourd’hui essentiellement les prairies de fauche des grandes vallées. Plus rarement, il peut se retrouver dans les zones cultivées attenantes à ces milieux. Menacé par la modernisation de l’agriculture et la destruction de ses nichés lors des fauches, il fait l’objet d’un plan national d’action.
La moyenne vallée de l’Oise située en région Hauts-de-France compte la plus forte population française de Râles des genêts après celle des Basses vallées angevines. Certaines années, et selon les précipitations qui permettent d’obtenir de belles prairies propices au développement de l’oiseau, on peut compter jusqu’à 50 mâles chanteurs répartis sur les départements de l’Aisne et de l’Oise où le CEN Picardie suit avec attention les populations et pilote le plan régional d’action.

Un partenariat pour favoriser les ENR tout en protégeant la biodiversité

Dans le cadre d’un partenariat conclu en 2009, la société ENERTRAG et le CEN Picardie définissent des actions concrètes et pertinentes en faveur de l’espèce.

Ainsi, plus propice à l’accueil de l’oiseau, des mesures d’aménagement sont conduites dans la Vallée de l’Oise, comme la conversion de 5 hectares d’une peupleraie en prairie de fauche. Début 2018, 3,5 hectares seront également acquis dans le but de préserver des prairies inondables. Des mesures d’urgences sont également proposées aux agriculteurs pour les dédommager des pertes induites par les fauches tardives, préconisées pour protéger les nichées. Des équipements spécifiques, type barre d’effarouchement, sont également proposés aux agriculteurs pour équiper leurs tracteurs et permettre l’envol des oiseaux à l’approche de leur passage.

À ces mesures s’ajoute le financement d’une étude bioacoustique innovante permettant d’individualiser les oiseaux par leur chant, d’appréhender leur déplacement et ainsi d’améliorer les connaissances sur l’espèce.

Bilan du partenariat : quand l’éolien et biodiversité s’accordent

Le parc éolien d’Anguilcourt-Le-Sart ayant été mis en service en 2016, il est encore trop tôt pour évaluer les réels gains apportés à l’espèce. Mais, cet exemple de partenariat qui se poursuivra pendant toute la durée d’exploitation du parc, permet d’affirmer que le développement d’un projet éolien peut se faire dans le respect de la biodiversité. « Un projet éolien est, comme tout projet d’aménagement, susceptible d’avoir un impact sur le milieu. Chaque projet doit être étudié et tenir compte des enjeux environnementaux », comme en témoigne David Frimin, responsable antenne Aisne au CEN Picardie.

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