Eolien en mer : de nombreuses études en cours montrent des effets bénéfiques pour la biodiversité une fois les parcs éoliens mis en service

1 septembre 2020

Cela fait maintenant près de 30 ans que les premiers parcs éoliens en mer ont été mis en service en Europe (le premier ayant été celui de Vindeby, au Danemark, en 1991, démonté en 2017). Chaque milieu étant spécifique, et peuplé d’espèces différentes, il est difficile d’avoir une vision globale des effets de l’éolien en mer sur la biodiversité. De nombreuses études montrent néanmoins des effets bénéfiques une fois la phase de construction achevée et un impact limité (très souvent inférieurs aux modélisations) sur l’avifaune.

Eolien en mer et avifaune

Comme pour l’éolien terrestre les migrateurs seraient plus touchés que les oiseaux sédentaires, qui eux s’accoutumeraient progressivement. L’application du pilier « éviter » (doctrine « éviter – réduire – compenser » – ERC), en choisissant des zones moins sensibles du point de vue de l’espèce, au sein de la zone à vocation, dès la mise en œuvre de la planification spatiale maritime (documents stratégiques de façade), est ainsi primordiale.

D’autre part, les études d’impacts réalisées en amont (levée des risques parallèle et postérieure à l’appel d’offres) s’avèrent essentielles afin de limiter les impacts des parcs offshore. 

En Grande-Bretagne, le Programme conjoint industrie-énergies renouvelables (ORJIP) « Bird Collision Avoidance Study » a publié en 2018  avril les conclusions de l’enquête sur le comportement des oiseaux de mer et les risques de collision autour des parcs éoliens offshore. Plus grande enquête menée en Europe. Au cours des deux années de travail sur le terrain, un nombre important de vidéos ont été enregistrées dans une zone représentative du parc éolien offshore de Vattenfall, Thanet, l’une des plus importantes dans les eaux britanniques.

Cela a donné lieu à l’analyse de plus de 600.000 vidéos, dont 12 131 contenaient des preuves de l’activité des oiseaux.

Six collisions avec des turbines ont été observées. L’analyse a révélé que le risque de collision des oiseaux de mer était inférieur à la moitié de ce que l’on pouvait attendre d’après les connaissances actuelles. Au cours de l’étude, on a observé que les oiseaux de mer manifestent un comportement d’évitement et changeaient leur trajectoire de vol pour éviter les turbines. (1)

Effet récif et effet de réserve

Quand on immerge une structure en mer, un certain nombre d’espèces, dont l’habitat est habituellement composé de rochers, viennent s’y fixer, profitant de ce nouveau socle. Ceci va aussi attirer les prédateurs de ces espèces. Cette combinaison de processus est appelée « effet récif ». Cet effet est le principal à influencer l’organisation de l’écosystème. C’est ce qu’ont montré les modèles mathématiques simulant le réseau trophique dans 30 ans, en présence du parc éolien de Courseulles-sur-Mer . On s’attend en effet à la fixation d’une forte biomasse de moules sur les mâts de ces éoliennes et à l’agrégation de différentes espèces telles que des poissons ou des étoiles de mer (2).

En France pour étudier ces phénomènes certaines études sont en cours. Par exemple une “bouée d’observation de la biodiversité”. à été mise en place en Méditerranée à l’endroit exact qui accueillera des éoliennes flottantes en 2021 à Leucate. C’est une sorte de ludion de 15 mètres de haut — dont 9 mètres sont immergés — pour un diamètre de 1,4 mètre et un poids de 3,8 tonnes. Entre -4 et -8 mètres, des “biohuts” ont été installés. “Ce sont des substrats d’huîtres, d’acier et de bois dont les anfractuosités sont favorables à l’installation et au développement des larves d’espèces marines”, explique  Gilles Lecaillon président fondateur d’Ecocean, une entreprise spécialisée dans l’étude de la biodiversité marine côtière. Car les chercheurs veulent savoir si des poissons, des coquillages ou des crustacés d’intérêt économique peuvent s’installer dans ces habitats artificiels à l’instar de ce qui se fait en Belgique pour l’éolien en mer posé (3).

En effet, des études Belges, riches de 10 années de retours sur expérience in situ,ont montré que certaines espèces, notamment halieutiques, qui n’étaient que rarement observées dans la partie belge de la mer du Nord, se retrouvent maintenant plus régulièrement en association avec les parcs éoliens. Il s’agit notamment d’au moins quatre espèces de poissons qui vivent autour de la base des fondations, mais aussi d’un certain nombre d’invertébrés non indigènes qui se trouvent dans les zones proches de la surface de l’eau (zones intertidales et d’éclaboussement). Ces derniers habitats sont en grande partie nouveaux dans la partie offshore de la mer du Nord belge. Il a également été démontré que les parcs éoliens offshore sont visités par les pipistrelles de Nathusius en migration.

La pêche est peu affectée par la présence des parcs éoliens offshore belges

L’exclusion de la pêche des parcs éoliens offshore belges, probablement en combinaison avec une disponibilité accrue de nourriture à proximité des turbines,entraîne un effet de refuge pour certaines espèces de poissons. Une analyse de l’activité et de l’efficacité de la pêche a montré que la pêche n’avait que subtilement changé au fil des ans, et que les pêcheurs se sont adaptés à la nouvelle situation en augmentant leur effort de pêche aux abords des parcs éoliens. Les taux de capture de la sole sont restés comparables à ceux de la zone plus large, les taux de capture de la plie ont été encore plus élevés autour de certains parcs éoliens (4).

Photo : Rémy Dubas – ECOCEAN

 

Partagez
Tweetez
Partagez